Monsieur X. est diabétique et a une pression intraoculaire un peu limite. Cela ne l’empêche pas de parcourir pour son travail des milliers de kilomètres par an et d’être par ailleurs un fervent cinéphile. Ce soir, il doit se rendre en voiture dans un hôtel de province : pas d’inquiétude, son GPS le guide avec grande précision et lui indique même d’autres hôtels à proximité au cas où il souhaiterait modifier sa réservation. Il n’y a pourtant pas le moindre écran dans sa voiture...
Arrivé à l’hôtel, Monsieur X. contrôle rapidement son taux de glycémie et sa pression intraoculaire. Les taux s’affichent clairement devant lui. Il n’a pas eu besoin d’une prise de sang ou d’un instrument quelconque...
Avant de se reposer, Monsieur X. jette un rapide coup d’œil sur son courrier électronique puis s’installe sur un bon fauteuil pour regarder un film à grand spectacle en vision panoramique. Il n’y a pourtant pas non plus le moindre écran dans sa chambre d’hôtel !
Science-fiction ? Pas tout à fait. Toutes ces applications deviennent possibles à l’aide … de lentilles de contact ! Capteurs de pression, cellules photovoltaïques, LED, antennes réceptrices, batteries, autant de dispositifs électroniques qui sont aujourd’hui si miniaturisés qu’il est possible de les intégrer à une lentille de contact et d’imaginer ainsi des applications quasi infinies. Certaines de ces applications sont encore dans les laboratoires de recherche mais une société s’est déjà créée pour en commercialiser !
Les travaux les plus spectaculaires sont réalisés à Seattle aux Etats-Unis. L’équipe du Pr. Babak Parviz a mis au point une lentille de contact, véritable vitrine technologique de l’électronique de pointe. Elle comporte un système intégré de réception sans fil ; elle produit son énergie à partir de cellules solaires et comporte au centre des LED transparentes sur les quelles peuvent être projetés tous types d’informations : textes, images ou vidéos.
Des capteurs et des circuits de contrôles peuvent être ajoutés pour les applications médicales car les larmes sont un bon reflet des taux de protéines, de sucre ou d’électrolytes de l’organisme.
De nombreux obstacles restent encore à franchir. La biocompatibilité des LED, par exemple, reste à démontrer et l’encapsulation de toute l’électronique dans un polymère transparent sera un véritable challenge industriel.
A l’Université de New-York, on a déjà testé des lentilles capables de surveiller le taux de glycémie par fluorescence. Mais c’est dans le domaine de la détection du glaucome que les dispositifs sont les plus avancés.
Sensimed est une société suisse qui a été créée en 2003 par des chercheurs de l’Ecole Polytechnique de Lausanne. Ils ont développé une lentille de contact baptisée Triggerfish qui permet le contrôle en continu de la pression intraoculaire.
Cette lentille comporte un capteur de pression miniaturisé, développé en collaboration avec ST Microelectronics. Une antenne souple adhésive est placée autour de l’œil pendant la durée de la mesure et les résultats sont enregistrés.
Les lentilles, qui ne comportent pas de correction optique, ont un diamètre de 14,40 mm et sont disponibles en 3 rayons de courbure : 8,40 ; 8,70 et 9,00 mm. L’ensemble du dispositif tient dans une petite mallette de transport.
Il s’agit pour l’instant d’un dispositif destiné aux centres de soin et au suivi des glaucomes à risques. Mais ne doutons pas que des miniaturisations prochaines permettront au patient d’être suivi à distance.
Sources :
http://www.ine-news.org/pdf/0056/0056.pdf
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